« Chez nous, en France on fait de moins en moins de bébés, les chiffres sont tombés cette semaine, pour la quatrième année consécutive (…). Le taux de natalité, c'est comme les salaires, il n'augmente plus » ironisait l’année dernière Laurent Ruquier après les résultat du bilan démographique de l’Insee pour l’année 2018. L’institut national de statistiques dévoilait ce mardi son dernier bilan. Celui-ci révèle que la population française a augmentée de 0,3% entre 2018 et 2019. Toutefois le taux de natalité a légèrement baissé. Alors que la fécondité française avait connu un pic entre 2006 et 2014, elle a chuté l'an dernier de 70 000 naissances par rapport à 2014.

Selon Jérôme Fourquet, le directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’Ifop, il y a une « concomitance entre l’atteinte faite aux politiques familiales et le déclin des naissances ». Il soulève l’hypothèse de l’impact des modifications de politique familiale décidées par François Hollande : en 2013, le gouvernement avait ainsi mis en place un train de mesures : diminution de l’avantage fiscal lié au quotient familial pour les familles les plus aisées, mise sous conditions de ressources des allocations familles, imposition de la majoration de retraites pour les retraités ayant élevé des enfants, réduction de la prestation d’accueil jeune enfant (Paje) pour les ménages au-dessus d’un certain niveau de vie... Les coupes effectuées dans les politiques de soutien aux familles nombreuses entravent largement les naissances, poussant les couples à s’arrêter après deux enfants ou moins, alors qu’ils aimeraient en avoir davantage.

Tandis que dans les années 1950, le moyen d’existence et de prestige qu’avait la femme était la maternité, aujourd’hui c’est son travail

D’autres facteurs, ceux-là sociétaux ont engendré la baisse de la natalité. Le bilan de l’Insee met en lumière une diminution du nombre de femmes en âge de procréer en France. Le recul de l'âge de la première maternité a un rôle à jouer dans ce phénomène : en 2017, l'âge moyen de la maternité était de 30,6 ans, contre 28,5 ans en 2014. La volonté grandissante de réduire les inégalités homme-femme est à l’origine de cette évolution. Dans les années 1950, le moyen d’existence et de prestige qu’avait la femme était la maternité. A l'ère de la femme moderne, du féminisme, les femmes sont poussées sur le marché du travail. Il est aujourd'hui admis que la femme travaille et donne naissance plus tard. 

Ce recul de la natalité a un coût démographique: la France fait face au vieillissement de sa population. « Il y a un inversement de la pyramide des âges » analyse Jérôme Fourquet.  C’est-à-dire qu’avec une hausse de l’espérance de vie, le nombre de personnes âgées augmente tandis que le pourcentage de population jeune diminue.

La France est proche du seuil de Remplacement des générations

En France et dans d'autre pays d'Europe, les gouvernements populistes promeuvent une politique nataliste. Dans une interview accordée au magazine «Le Point», le délégué du Rassemblement national, Jean Messiha affirme : «Nous sommes dans la continuité de la politique nataliste française, développée entre les deux guerres, et qui voulait compenser la saignée démographique de la Première Guerre mondiale.» Il constate qu'« avec une moyenne de 1,8 enfants par femme, la France est en deçà du taux de fécondité permettant le renouvellement des générations». Le parti de Marine Le Pen estime qu’il faudrait un taux de natalité de 2,3 enfants. Dans certains pays comme la Hongrie ou la Pologne, le gouvernement a pris les choses en main. En Pologne de nombreuses, mesures en faveur des familles avec enfants ont été introduites avec l’arrivée au pouvoir du parti des ultraconservateurs du PiS (Droit et Justice). En Hongrie, Viktor Orban avait été invité à prendre la parole dans un « sommet démographique » à Budapest le 5 septembre dernier. Le Premier ministre Hongrois faisait un discours encourageant la natalité pour contrer une immigration trop importante. Contrairement à la France, ces pays d’Europe de l’Est connaissent un fort déclin démographique et ils craignent une transition démographique des pays d'Afrique trop importante. Phénomène encore minoritaire dans l'hexagone. Toutefois, le bilan de l'INSEE confirme que les «immigrées» font plus d'enfants que les «natives» françaises. En étudiant la prévalence des types de prénoms parmi les nouveaux-nés, Jérôme Fourquet en déduit que les femmes issues de l'immigration enfantent d'avantage que les femmes nées en France: «En France, en 1960, 1% des garçons qui naissaient portait un prénom arabo-musulman contre 19% aujourd'hui».